Diffusion scientifique

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Céline Bessière et Sibylle Gollac

Présentation du Genre du capital à la librairie Violette and Co, Paris 11ème

Le 11 mars 2020, à l'occasion de la sortie du livre Le genre du capital, Céline Bessière et Sibylle Gollac ont participé à une rencontre avec des lectrices·eurs, à la librairie Violette&co, Paris 11ème.

Céline Bessière et Sibylle Gollac

La réforme des retraites au prisme des questions de genre et de pénibilité

Le 12 février 2020, Céline Bessière et Sibylle Gollac ont participé aux Midis de la réforme à l'Université Paris-Dauphine, à l'initiative du collectif Dauphine mobilisée, aux côtés de Serge Volkoff et plusieurs femmes des secteurs mobilisés (employées de l'entreprise sous-traitante de nettoyage de l'Université, une infirmière à l'hôpital, des grévistes des hôtels Ibis). Revoir les interventions ici  

Céline Bessière et Sibylle Gollac

Lancement du livre le genre du capital à la librairie Monte en l'air, Paris 20ème

Le 12 février 2020, Céline Bessière et Sibylle Gollac ont rencontré les lecteurs·rices à la librairie Le Monte en l’air à Paris pour la sortie de Le genre du capital, ed. La Découverte.

Céline Bessière et Sibylle Gollac

audition au Haut conseil de l'âge, réforme des pensions de réversion

Le 22 janvier 2020 Céline Bessière et Sibylle Gollac ont été auditionnées au Haut Conseil de l’âge dans le cadre de la mission confiée à M. Bertrand Fragonard et Mme Anne-Marie Leroyer au sujet de la réforme des pensions de réversion.

Julie Minoc

Quand des pauvres sous tutelles se rebiffent en justice 

Julie Minoc, « “Cet argent est le produit de Mon travail ! J'ai le droit d'en faire ce que je veux ! ” Quand des pauvres sous tutelles se rebiffent en justice », Journée d’études Produire le prolétariat, Université Paris-Dauphine, 29 novembre 2019.

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Emmanuelle Bernheim et Emilie Biland

Conférence à l'Université du Québec à Montréal

Le 27 novembre 2019, Emilie Biland a présenté son livre, Gouverner la vie privée, qui a été discuté par Emmanuelle Berheim, professeure de droit à l'UQAM.

Cette conférence s'inscrit dans le cadre du séminaire du département de science politique de l'UQAM.

Site du département de science politique de l'UQAM
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Emilie Biland

Séparations conjugales et inégalités parentales : une comparaison franco-québécoise

Le 26 novembre 2019, Emilie Biland a présenté cette conférence à l'INRS de Montréal.

Cette conférence s'inscrit dans le cadre du lancement du livre Gouverner la vie privée. Elle est organisée par le Partenariat de Recherche Familles en mouvance.

Site du Partenariat Familles en mouvance
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Emilie Biland

Conférence à l'Université Laval

Le 21 novembre 2019, Emilie Biland a présenté son livre Gouverner la vie privée, à l'Université Laval, dans la ville de Québec.

Cette présentation a pris la forme d'un webinaire organisé par le Partenariat de Recherche sur les séparations parentales et recompositions familiales, et diffusé via Facebook.

Page Facebook du Partenariat de recherche
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Émilie Biland

Lancement du livre "Gouverner la vie privée" à la librairie L'Euguélionne de Montréal

Émilie Biland présentera son dernier livre à la librairie féministe L'Euguélionne, 1426 rue Beaudry, à Montréal. Rendez-vous le 18 novembre 2019 à 17h30 !

Les droits au divorce et à l'union libre sont incontestablement des victoires des mouvements féministes. Après une demi-siècle de croissance continue des ruptures d'union, quel bilan tirer de leur traitement par les professionnel.les du droit et les administrations publiques, du point de vue des droits des femmes hétérosexuelles et de leur condition socioéconomique? Cet ouvrage répond à cette question en s'appuyant sur des enquêtes de terrain approfondies, menées tant au Québec qu'en France. Il montre que le gouvernement de la vie privée continue de différencier fortement les rôles parentaux des femmes et des hommes, et qu'il peine à lutter contre la paupérisation des femmes séparées.

Page Facebook de la librairie
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Émilie Biland

Couples séparés immigrés ou racisés : une justice familiale culturaliste

Emilie Biland a présenté cette communication à la journée d'études "Migrations internationales en Europe et vers l’Europe : comment se recomposent les frontières du public et du privé ?", à l'Université de Strasbourg, le 8 novembre 2019.

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Julie Minoc

Le recours au(x) droit(s) de majeurs protégés contre leur gré

Le 5 novembre 2019 à l’École des Hautes Études en Santé Publique (EHESP) à Rennes, Julie Minoc, sociologue, a présenté un pan de ses recherches dans le cadre des Séminaires du mardi : « "Je souhaite retrouver liberté et dignité dans les meilleurs délais."  Le recours au(x) droit(s) de majeurs protégés contre leur gré ».

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Laure Crepin

Communication au 8e congrès de l’AFS, Réseau thématique Méthodes « Classer les trajectoires à partir des grandes enquêtes : quel impact de la méthode sur les résultats ? »

Le 28 août 2019, Laure Crepin a présenté une communication au 8e congrès de l’Association Française de Sociologie à Aix en Provence (27-30 août 2019), dans le réseau thématique Méthodes, communication intitulée « Classer les trajectoires à partir des grandes enquêtes : quel impact de la méthode sur les résultats ? », en comparant les trajectoires résidentielles après les séparations conjugales à l'aide deux bases de données de la statistique publique, et de deux enquêtes.

Céline Bessière

Reversed Accounting Legal Professionals, Families and the Gender Wealth Gap in France

"Legal Professionals, Families and the Gender Wealth Gap in France". Communication dans le panel "Gender, Work and Family"  for the Conference of the Society for the Advancement of Socio-Economics (SASE) to be held at The New School – New York City, USA - 27-29 June 2019.

This paper describes how legal professionals and families contribute to the widening, legitimation and concealment of the gender wealth gap. It is based on ethnographic observation, study of legal files and statistical data on gender wealth inequality in France. Despite formally equal law, family wealth arrangements in moments of estate planning and marital breakdown tend to reproduce gender inequality.The main legal professionals involved are lawyers and notaries. In their interactions with family members, they carry out reversed accounting, a logic of practice in which the result comes first and computation comes after. As families and legal professionals strive to preserve real estate and businesses, or to minimize taxes, they produce inventories, estimations and distributions of assets which disadvantage women, even though shares appear to be formally equal. Female legal professionals, as well as female clients, may endorse this concern, and thus, also unwittingly contribute to the gender wealth gap.

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Céline Bessière

Reversed Accounting: Legal Professionals, Families and the Gender Wealth Gap in France

Le 6 juin 2019, Céline Bessière presented her forthcoming paper « Reversed Accounting: Legal Professionals, Families and the Gender Wealth Gap in France », at the conference Accumulating Capital, Strategies of Profit and Dispossessive Policies, Université Paris-Dauphine, Paris.

Laure Crepin

Communication au XVIIIe Colloque National de Démographie (CUDEP) à Dijon "Quelles conséquences des ruptures conjugales en termes d’inégalités de logement ? »

 Laure Crepin, le 14/05/2019 : Communication au XVIIIe Colloque National de Démographie (CUDEP) à Dijon (21-24 mai 2019) "Quelles conséquences des ruptures conjugales en termes d’inégalités de logement ? »

Céline Bessière et Muriel Mille

Mixité dans les professions du droit

9 mai 2019, audition par le Conseil National du droit, dans le cadre de la rédaction du rapport pour renforcer la mixité sociale et de genre des études de droit et des professions juridiques par Emmanuelle Chevreau, Sandrine Zientara et Vivien David, Cour de Cassation, Paris.

Céline Bessière et Hélène Steinmetz

Les demandes des justiciables en matière familiale

30 mars 2018, « Que nous apprennent les enquêtes sociologiques sur les demandes des justiciables en matière familiale ? », présentation à la matinée d’études organisée par le Syndicat des Avocats de France sur le droit de la famille et les réformes du divorce, Maison des avocats de Seine-Saint-Denis, Bobigny.

Céline Bessière

Les arrangements patrimoniaux dans la France contemporaine

15 mars 2019, « Les arrangements patrimoniaux dans la France contemporaine », présentation à l’atelier de lecture en histoire et sociologie rurales, organisé par S. Barral, S. Brunier, B. Leroux, N. Mignemi, É. Morena, J. Oui et D. Thivet, Paris, EHESS.

Céline Bessière, Nicolas Frémeaux, Sibylle Gollac et Marion Leturcq,

Le genre du patrimoine immobilier

12 mars 2019, « Le genre du patrimoine immobilier, état des lieux »,  Journée d’études Le Monde privé des femmes, bilan et perspectives, INED.

Emilie Biland

Séminaire à l'Université Laval (Québec)

Emilie Biland, "Gouverner la vie privée. L’encadrement inégalitaire des séparations conjugales en France et au Québec", Midi-Recherche de la chaire Claire Bonenfant Femmes, Savoirs, Sociétés, Université Laval (Québec, Canada), février 2019

Emilie Biland

Atelier de la recherche d'ARENES

Emilie Biland, "Francophone, collective et au long cours. Une comparaison franco-québécoise du gouvernement de la vie privée", Atelier de la recherche d'ARENES (UMR 6051), Rennes, janvier 2019

Emilie Biland et Sibylle Gollac

Séminaire à l'EHESS

En décembre 2018, Emilie Biland et Sibylle Gollac ont présenté l'article du Collectif Onze, "Enquêter, écrire et publier en collectif. Une expérience de recherche au tribunal des couples" (Ethnographiques, 2016) au séminaire Ethnographies : Méthode, expérience, écriture assuré par Didier Fassin à l'EHESS.

Emilie Biland et Muriel Mille

Séminaire à Sciences Po

En septembre 2018, Emilie Biland et Muriel Mille ont présenté leur article "Ruptures de riches" (paru dans Sociétés contemporaines en 2017) dans le cours "Fabrique de la recherche" assuré par Olivier Pilmis (CSO) dans le master 2 de sociologie de Sciences Po.

Emilie Biland

Deux communications au Congrès Mondial de Sociologie

Emilie Biland a présenté deux communications au congrès de l'International Sociological Association à Toronto en juillet 2018 : "A cross-national comparison of gender and class entanglements (France-Québec)" dans le RC06 Family Research : Family justice and the culture of parenthood. ; "Gender and Class Inequalities in Access to Family Justice" dans le Working Group on Civil Justice.

Céline Bessière

Céline Bessière invitée par Eva Illouz dans son séminaire

Le 28 juin 2018, Céline Bessière a discuté le livre de Eva Illouz, Emotions as Commodities, Capitalism Consumption and Anthenticity (Routledge, 2017)  en présence de l'autrice, dans le cadre de son séminaire à l'EHESS

Céline Bessière

Quand les couples font les comptes

19 juin 2018, « Quand les couples font les comptes. Enjeux économiques des séparations conjugales et inégalités de richesse entre les hommes et les femmes », présentation à la journée d’études Domination, pouvoir et remise de soi dans le couple, autour de Pratiques de l’amourde Michel Bozon, Université Picardie Jules Verne, CURAPP-ESS, Amiens.

Céline Bessière

Courts and Legal Decisionmaking in Realist Perspective

Le 7 juin 2018, Céline Bessière a été chair du panel « Courts and Legal Decisionmaking in Realist Perspective », Law and Society Meeting, Toronto, Canada.

Céline Bessière

Sexist Accounting

7 juin 2018, « Sexist Accounting. An Ethnography of Inheritance Planning and Marital Breakdown in France », presentation dans le panel “Gender and Judging”, Chairs: Josephine Dawuni et Monika Lindbekk, Law and Society Association Meeting, Toronto, Canada.

I describe one mechanism through which gender wealth inequality is produced and reproduced in France. While most studies focus on the gender income gap and the gendered division of work on the labor market and at home, I analyze what happens when family wealth is distributed among kin in moments of inheritance planning and marital breakdown, two moments that I call family wealth arrangements. Family is an institution partly defined by the law. Yet, despite a formally equal law, statistical studies show that gender wealth inequality is widening in France. To understand why, I study family wealth arrangements as they are made behind closed doors.

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Céline Bessière

Women at court

Le 7 juin 2018, Céline Bessière était chair du panel « Women at Court », Law and Society Meeting, Toronto, Canada.

Céline Bessière, Sibylle Gollac et Muriel Mille

Confrontations entre juges et justiciables aux affaires familiales. Connivence et mépris de classe 

Le 23 mai 2018, Céline Bessière, Sibylle Gollac et Muriel Mille ont présenté leur papier en cours d'écriture : « Confrontations entre juges et justiciables aux affaires familiales. Connivence et mépris de classe », au séminaire Confrontations de classe organisé par Thibaut Menoux et Sylvain Ville, Ecole Normale Supérieure.

Céline Bessière

Discussion du livre de Jonathan Morduch, Financial Diaries

Le 23 mai 2018, à l'occasion de l'invitation de Jonathan Morduch, professeur d'économie à New York University à l'IRISSO-Université Paris-Dauphine, Céline Bessière a discuté son livre Financial Diaries. How American Families Cope in a World of Uncertainty (Princeton University Press, 2017). IRISSO, Université Paris-Dauphine.

Julie Minoc

Rencontre à la librairie La Terrasse de Gutenberg autour de l'ouvrage « Choisir et agir pour autrui ? Controverse autour de la convention de l'ONU sur les droits des personnes handicapées »

Rencontre à la librairie La Terrasse de Gutenberg autour de l'ouvrage « Choisir et agir pour autrui ? Controverse autour de la convention de l'ONU sur les droits des personnes handicapées », 15 novembre 2018, Paris 12e.

Hélène Zimermann

Communication au colloque "La sociologie du droit dans la francophonie: état de la recherche"

Zimermann Hélène, « Le travail des avocat.e.s familialistes sous la loupe : demandes parentales et conseils juridiques pour la prise en charge des enfants post-rupture », colloque "La sociologie du droit dans la francophonie : état de la recherche", 86e congrès de l’ACFAS, Université du Québec à Chicoutimi, 7 mai 2018

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Émilie Biland

Communication à l'Université de Genève

Biland Emilie, « Gouvernement des séparations conjugales et «coparentalité» : des normes aux pratiques », séminaire en droit de la famille et droits de l’enfant, Université de Genève, 19 avril 2018

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Céline Bessière

La richesse des familles

Le 6 avril 2018, Céline Bessière a présenté son mémoire original d'HDR "La richesse des familles" au séminaire général de l'IRISSO, à l'Université Paris-Dauphine

Céline Bessière

Pourquoi les femmes accumulent-elles moins que les hommes ?

9 février 2018, « Pourquoi les femmes accumulent-elles moins que les hommes ? L’institution familiale comme structure politique », présentation à la journée d’études Structures politiques du capitalisme, organisée par A. Roger et M. Ansaloni à l’Université de Bordeaux.

Après une parenthèse historique de réduction des inégalités économiques dans la première moitié du XXème siècle (dues aux guerres mondiales et aux politiques publiques mises en place à leur suite), les inégalités économiques issues des revenus du travail et encore plus de la détention de patrimoine croissent depuis les années 1970-1980 de façon spectaculaire en Europe et en Amérique du Nord (Piketty, 2013). Aux yeux des économistes, le capitalisme au début du XXIème siècle apparaît de plus en plus comme un capitalisme d’héritiers, fondé sur la transmission familiale de la richesse, comme au XIXème siècle (Piketty, 2013). Fondés sur des données agrégées — comptabilité nationale, sources fiscales et enquêtes par questionnaire — et des méthodes d’analyse statistique, ces approches ont l’immense intérêt de placer à nouveau les transferts économiques familiaux au cœur du fonctionnement du capitalisme contemporain.   Toutefois, comme le rappelle Rémi Lenoir, la famille qui est « le plus familier des objets » se présente sous « l’évidence de ce qui est inscrit et institué notamment dans la langue, les schèmes perceptifs et cognitifs qui lui sont associés et dans le droit et le mode d’organisation social qui lui est lié » (Lenoir, 2003 : 39). Les économistes et les statisticien.ne.s n’échappent pas à cette matrice cognitive. La « famille » est une unité d’analyse incrustée implicitement ou explicitement dans nombre des catégories de l’Etat, à commencer par la notion de « ménage » de la statistique publique ou encore le « foyer fiscal » de l’administration des impôts. Ainsi, les données statistiques sur les patrimoines, sont, de fait, très souvent récoltées au prisme d’une unité familiale. Matrice cognitive de l’analyse statistique et de certaines politiques fiscales, le ménage fonctionne comme une boîte noire qui masque ce qui joue en son sein. Les inégalités de richesse intra-familiales, notamment les inégalités de genre, restent ainsi, la plupart du temps, dans l’angle mort de l’analyse. L’analyse de Piketty — comme celle de la plupart des chercheurs qui travaillent sur les inégalités de patrimoine à une échelle macro-économique — est ainsi aveugle au genre (Geier et al.,2014). Paradoxalement, alors que Piketty souligne la place (à nouveau) croissante de l’héritage dans la reproduction des inégalités de richesse, il ne « parvient pas à penser la composante genrée des institutions et des normes qui affectent directement les dynamiques qu’il met en avant. Même si Piketty lui-même dit que l’inégalité prend corps dans des institutions, il ne parvient pas à penser comment le mariage et la famille affectent les transmissions de richesse dans l’économie contemporaine » (Boushey, 2017 : 370, ma traduction). Les inégalités de genre, parce qu’elles se jouent au sein de l’institution familiale, dans les rapports d’alliance et de filiation, restent tapies dans l’ombre.     Pour dépasser les angles-morts des approches centrées sur l’individu ou le ménage et restituer la force économique des relations de parenté, je considère l’institution familiale, dans une perspective matérialiste, comme une institution économique à part entière : un lieu de production, de distribution, de contrôle et d’évaluation des richesses.Cette conceptualisation s’ancre dans l’exploration ethnographique de deux moments cruciaux de transferts économiques entre personnes apparentées : les successions et les séparations conjugales. Je qualifie ces deux moments d’arrangements patrimoniaux, afin de suggérer que ce sont des moments de co-production, conjointement par les personnes apparentées et les professionnel.le.s du droit, d’un consensus sur les transferts économiques intra-familiaux.   Dans cette communication, je réaliserai un bref retour sur l’histoire du droit de la famille, afin de rappeler combien historiquement les femmes ont été empêchées jusque récemment, de façon tout à fait officielle, d’accumuler des richesses. Formellement, au cours du XXème siècle, le droit de la famille est devenu, du moins dans ses grandes lignes, un droit égalitaire. Toutefois, les données statistiques dont nous disposons nous enseignent que cette égalité formelle du « droit des biens » se conjugue avec des inégalités de richesse entre les hommes et les femmes, souvent difficiles à quantifier car nichées à l’intérieur des ménages, mais néanmoins nettement repérables et même en augmentation.   L’observation des arrangements patrimoniauxnous place au cœur de la fabrique de ces inégalités de genre. Dans le huis clos des études notariales et des cabinets d’avocats spécialisés en droit de la famille, l’ethnographie permet d'étudier les manières de compter et de répartir la richesse des familles, à l’ombre du droit, du marché et du fisc. Cela nous permet de déconstruire l’apparente neutralité de la formalisation comptable. Cette formalisation suggère que les professionnel.le.s du droit de la famille établissent les partages patrimoniaux en réalisant des additions et des soustractions d’actifs et de passifs. Or, en pratique, nous montrons que les arrangements patrimoniaux consistent en la production d’un consensus sur un résultat pour établir ensuiteles additions et les soustractions. Nous qualifions ces opérations de comptabilités inversées. Elles s’appliquent tout autant aux successions qu’aux liquidations de patrimoine conjugal, aux fixations de pension alimentaire que de prestation compensatoire. Ces comptabilités inversées intègrent des normes genrées bien peu favorables aux femmes. En matière de succession, cela explique que les entreprises ou les maisons de famille sont davantage transmises aux fils qu’aux filles. En matière de séparation, la contribution des femmes à l’accumulation de richesse – notamment par tout le travail gratuit qu’elles produisent (Delphy, 1998 [1970]) – n’est ni reconnue, ni comptée. Nous nous inscrivons donc ici dans le champ de la critique féministe du droit (pour une présentation récente en France, Cardi & Devereux, 2014) pour montrer que l’égalité formelle ne se traduit pas en une égalité du droit en pratiques. Nous verrons enfin que ces comptabilités inversées ont lieu à l’ombre du fisc, en vue de s’en protéger. Cela conduit les personnes apparentées à minimiser leurs avoirs et chemin faisant à favoriser les plus fortuné.e.s parmi eux, c’est-à-dire le plus souvent les hommes par rapport aux femmes. Les comptabilités inversées que nous mettons en exergue ne sont pas « en soi » sexistes, elles ne résultent pas d’une volonté explicite de déposséder les femmes, mais qui elles contribuent, en pratique, à creuser les écarts de richesse entre les sexes, selon des modalités variées dans les différents milieux sociaux.    

https://spoc.hypotheses.org/326
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Muriel Mille, Gabrielle Schütz

Des avocat-es face au (dé)classement de leur activité. La féminisation du droit de la famille.

Communication au Congrès de l'Association Française de Sociologie, Aix en Provence, Août 2019, Réseau Thématique Travail, organisations, emploi Cette communication examine la  la manière dont s’articulent la dévalorisation du droit de la famille et sa féminisation, ainsi cherche à rendre compte des différentes stratégies adoptées par les avocat-es pour revaloriser ce droit.

Les travaux sur la profession d’avocat ont insisté sur le caractère du marché du conseil (Karpik, 1995 ; Bessy, 2015). Dans de nombreux pays, le droit de la famille est ainsi catégorisé comme moins prestigieux et moins rémunérateur que d’autres (Kay, 2009). Le droit de la famille est ainsi un domaine du droit peu valorisé, mal classé parmi les spécialités juridiques. Or le droit de la famille est un des domaines juridiques où la féminisation du barreau est la plus visible. En nous appuyant sur les résultats d’une enquête de terrain collective menée dans les cabinets d’avocats de deux juridictions françaises de 2013 à 2016, dont nous mobiliserons principalement le volet qualitatif (50 entretiens approfondis avec des avocat-es), nous nous attacherons dans cette communication à examiner la manière dont s’articulent la dévalorisation du droit de la famille et sa féminisation, ainsi qu’à rendre compte des différentes stratégies adoptées par les avocat-es pour revaloriser ce droit. Pour ce faire, nous croiserons l’étude des modes d’engagement dans le travail, des pratiques professionnelles et des carrières. Nous montrerons d’abord commet on observe une division genrée des spécialités juridiques qui confronte des femmes spécialisées en droit de la famille et des hommes pour qui cette activité est secondaire. Hommes et femmes ne s’orientent pas vers le droit de la famille selon les mêmes mécanismes : la spécialisation féminine s’explique par des socialisations de genre, mais aussi par des stéréotypes associés aux femmes qui jouent aussi bien sur l’afflux de la clientèle que sur la division du travail dans les cabinets. Puis dans un second temps, nous nous intéressons aux stratégies mises en œuvre par les avocat-es spécialisées dans ce domaine pour résister aux catégorisations de leur travail et de leur activité. Les avocates spécialisées dans les affaires familiales n’entretiennent pas toutes le même rapport à leur activité et ne l’exercent pas tout à fait selon les mêmes modalités, selon leur clientèle, leurs trajectoires socioprofessionnelles et leur génération. Face à la mauvaise réputation du droit de la famille, les avocates spécialisées dans ce domaine ont deux modes opposés de revalorisation de leur travail. Une partie, à la clientèle plutôt mixte ou modeste, valorise fortement la dimension humaine et l’empathie conformément aux stéréotypes de genre qui jouent dans la spécialisation féminine en cette matière. Une autre partie, à la clientèle plus aisée, met l’accent sur l’ampleur des sommes en jeu dans les affaires qu’elles traitent et sur la technicité du droit de la famille. Cette communication s’inscrit ainsi dans l’axe 1 de l’appel à communication en cherchant à comprendre comment les classements des spécialités juridiques reposent sur une division sexuée du travail au sein de la profession d’avocat. Elle montre ainsi comment ces classements sont produits mais aussi comment les professionnel-les du droit font avec les logiques de classement de leur activité, en s’appropriant ceux-ci ou en les contournant.

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Muriel Mille, Hélène Oehmichen, Gabrielle Schütz

Des avocat.e.s envahi.e.s par leurs client.e.s ? Les avocat.e.s en droit de la famille face à l’articulation entre vie privée et vie professionnelle

Communication au Congrès de l'Association Française de Sociologie, Août 2019, Réseau thématique 48 Articulation des temps sociaux